Mon cher Ado. Part 25
Posted by: adonis49 on: October 12, 2018
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Mon cher Ado. Part 25
Le quartier de mon enfance grouillait de monde. Les deux humbles maisons qui étaient accolées à notre demeure comprenaient chacune une dizaine de personnes .
Ça courait et criait toute la journée . La maison du haut était celle du vacher, celle de Nasri Nasrallah .
La mitoyenne était celle de Youssef Tannous , le potier.
La nôtre était en contrebas des deux , de sorte que c’était la plus basse du village et qu’en dessous de chez nous , il n y avait que la forêt où nous allions vagabonder avec les enfants de notre âge , dont ceux du potier .
Chez mon grand-père , nous étions les moins nombreux. À part ma sœur et moi, il y avait ma tante Rose et mes deux oncle , toujours célibataires, Youssef et Botros , deux beaux gaillards.
Le vacher et sa nombreuse famille s’entassaient dans une maison de deux pièces , avec un sous-sol où stationnait une vache nourricière, le trésor de la famille :
Une colonie d’enfants de tous les âges dont l’aîné , Michel, était déjà marié et commençait à engendrer de son côté pendant que son père continuait, sans vergogne, à faire des petits , de sorte que le fils aîné de Michel était plus âgé que son oncle Tanios, le dernier fils de Nasri Nasrallah.
Dans la maison de Youssef , le potier, là encore les enfants étaient assez nombreux. Nous jouions avec les plus jeunes d’ entre eux. Lorsqu’ils n’étaient pas occupés à aider leur père dans sa poterie aménagée dans le sous-sol de la maison.
Les années passant, ces deux maisons se sont vidées petit à petit de leurs progénitures,d’abord celle du vacher , car plus âgée …
Ainsi d’année en année , ils ont fini par convoler et quitter les uns après les autres le nid de leur jeunesse pour aller nicher un peu plus loin. Les enfants du potier succédèrent à quelques années pré à ceux du vacher.
Ainsi , vidé de ses trois-quarts d’habitants , surtout des plus bruyants, le quartier s’est mis à mieux respirer.
Je me souviens d’un jour où le quartier a vécu un drame des plus terribles . La vache de Abou Michel est morte.
Ce jour-là, Tanios , avait oublié d’attacher la vache , l’unique, le trésor de la famille .
Alors, ni de un , ni de deux , la pauvre bête profita de cette liberté pour se précipiter sur le sac d’avoine déposé au fond de son étable . Ayant avalé la moitié du sac , elle se dirigea vers le petit bassin d’eau et bu tout son soûl .
Et à peine de retour au foyer , elle tomba , raide morte, étouffée car l’eau avait gonflé le trop d’avoine qu’elle avait ingurgité . Apprenant la nouvelle , Abou Michel , se trouvant dans son champ, se précipita chez lui et à la vue de sa vache étalée de tout son long , il se mis à vociférer sa peine , ameutant tous le village, y compris son voisin Youssef avec qui il était en bisbille .
Le drame étant des plus terrible que le quartier ait jamais connu à ce jour , Youssef a cherché à atténuer la souffrance de son voisin lui disant qu’heureusement que ce n’est pas son fils Tanios qui est mort.
Mais à ces mots , Abou Michel sautant au plafond et se mettant à cogner sa tête contre le mur, déclare à tue-tête que Tanios pouvait bien mourir , qu’il pouvait en faire un autre, mais la vache !…comment faire pour la remplacer?
Aujourd’hui , Abou Michel et Tanios sont bien morts et presque oubliés du quartier qui a subi un lifting révolutionnaire !
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