La paix au Proche-Orient en sept échecs
Publié le dimanche 15 janvier 2017 à 7h00
par France Inter avec agences
La conférence de Paris pour la paix dimanche va réunir de nombreux pays. Un effort de plus dans la longue liste des initiatives pour tenter de régler le conflit israélo-palestinien
La conférence de paix sur le conflit israélo-palestinien prévue dimanche à Paris se déroule à cinq jours de la prise de pouvoirs par Donald Trump à la présidence des États-Unis.
La question reste entière sur ses intentions pour tenter de résoudre le conflit. Elle s’ajoute à une série d’initiatives internationales depuis les accords d’Oslo en 1993 pour tenter de régler ce conflit, vieux de plus de soixante ans. Qui n’est toujours pas réglé.
François Hollande lui-même se dit “lucide” sur l’importance de cette conférence
1. Les accords d’Oslo, les premiers d’une longue série
Le 13 septembre 1993, après six mois de négociations secrètes à Oslo, Israël et l’ Organisation de libération de la Palestine (OLP) se reconnaissent mutuellement et signent à Washington en présence du président Bill Clinton une “Déclaration de principes” sur une autonomie palestinienne transitoire de cinq ans. (Israel didn’t recognize the right of return of Palestinians to their homeland, according to UN resolution 198)
Cette autonomie débute le 4 mai 1994 avec un accord au Caire prévoyant qu’Israël évacue 70% de la bande de Gaza et Jéricho (Cisjordanie).
En juillet, le chef de l’OLP Yasser Arafat retourne dans les territoires palestiniens, après 27 ans d’exil.
Il y établit l’Autorité palestinienne.
Le 28 septembre 1995, un nouvel accord intérimaire (Oslo II) est signé à Washington sur l’extension de l’autonomie en Cisjordanie, portant sur des retraits israéliens.
Mais le 4 novembre, le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin est assassiné par un extrémiste juif opposé au processus de paix.
2. Les accords de Wye Plantation
Le 23 octobre 1998, Yasser Arafat et le Premier ministre israélien de droite Benjamin Netanyahu, opposé aux accord d’Oslo, signent à Wye Plantation aux États-Unis un accord intérimaire sur les modalités d’un retrait israélien de 13% de la Cisjordanie.
Les Palestiniens doivent annuler leur charte qui appelle à la destruction d’Israël. Mais l’État hébreu le gèle deux mois plus tard après un retrait de 2%. Bill Clinton a tout fait pour cette signature.
3. Sommet de Camp David : le plan Clinton
Du 11 au 25 juillet 2000, au sommet de Camp David (États-Unis), les deux camps achoppent sur le problème de Jérusalem et des réfugiés de 1948
En décembre 2000, Clinton prône la création d’un État palestinien sur la totalité de la bande de Gaza et 95% de la Cisjordanie. En échange, les Palestiniens doivent renoncer au “droit au retour” des réfugiés Palestinians en Israël.
4. Initiative Saoudienne
Le 28 mars 2002, un sommet arabe à Beyrouth (Liban) adopte un plan saoudien préconisant un retrait israélien de tous les territoires occupés depuis 1967, dont le plateau du Golan, en échange d’une normalisation entre pays arabes et Israël.
Mais le Premier ministre Ariel Sharon lance une grande offensive en Cisjordanie, après des attentats suicide palestiniens.
5. Feuille de route
Le 30 avril 2003, le Quartette sur le Proche-Orient (États-Unis, Russie, Union européenne, ONU) présente une “feuille de route” qui prévoit un État palestinien d’ici 2005 en échange de la fin des violences de l’Intifada et un gel de la colonisation juive.
Le 4 juin, à Aqaba (Jordanie), Israël et l’Autorité palestinienne s’engagent à l’appliquer devant le président américain George W. Bush.
6. Processus d’Annapolis
En novembre 2007, près de Washington, Israël et l’Autorité palestinienne, qui ne contrôle plus que la Cisjordanie après avoir été chassée de Gaza par le Hamas, tentent de parvenir à un accord d’ici fin 2008. Mais les négociations sont plombées par la poursuite de la colonisation juive, et l’Autorité palestinienne se retire des négociations avec l’offensive israélienne sur Gaza fin 2008.
7. John Kerry impuissant
Le 29 juillet 2013, le secrétaire d’État américain John Kerry annonce la reprise pour neuf mois des négociations directes interrompues depuis trois ans.
Mais Israël les suspend à une semaine du terme après une annonce de réconciliation Fatah-Hamas. Le processus de paix est depuis au point mort.
L’incertitude Trump
Que va faire Donald Trump après sa prise de fonctions à la Maison-Blanche?
C’est toute la question, après avoir opéré de nombreux revirements au cours de sa vie. Il était habitué aux blagues antisémites et avait peu de considérations pour les Juifs.
Puis sa fille Ivanka, qui s’est convertie au judaïsme pour épouser Jared Kushner, l’a convaincu.
Kushner a également fait une grande partie du travail. Et aujourd’hui, Donald Trump s’offusque de la résolution de l’ONU condamnant la colonisation israélienne :
“Nous ne pouvons pas continuer à laisser Israël subir un tel mépris et manque de respect. Les États-Unis ont été leur grand ami mais…ce n’est plus le cas. L’horrible accord avec l’Iran a été le début de la fin et maintenant il y a ça (l’ONU) ! Israël doit rester fort, le 20 janvier arrive vite.”
Trump a nommé son beau-fils de 36 ans, Jared Kushner, au poste de premier-plan de conseiller du Président. Trump envisagerait de lui confier le dossier du Moyen-Orient. Il espère que Kushner l’aidera à être celui qui fera la paix entre Israël et les Palestiniens.
En attendant, Trump maintient sa volonté de déménager l’ambassade américaine en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem.
Selon la direction palestinienne, ce déménagement signifierait la fin d’une solution à deux États.
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